musicologie
16 décembre 2017, par Jean-Marc Warszawski ——

Les sonates de Domenico Scarlatti dans la harpe d'Adeline de Preissac

Vivi Felice, les sonates de Domenico Scarlatti, Adeline Preissac (harpe). La Simplesse 2017 (vivifel 12).

Adeline de Preissac est passée par le Conservatoire de Rueil-Malmaison, le National supérieur de Paris où elle empoche le premier Prix de harpe, avant de se perfectionner à la haute école de musique de Zurich.  Depuis, elle installe son instrument, soliste, chambriste, récitaliste, dans bien des ensembles et scènes de la musique ancienne à la contemporaine.

Elle propose avec ce cédé un programme de sonates de Scarlatti fils, le Domenico, qui de Rome en passant par Londres, finit par s’installer à Séville, dans le service de Maria Barbara de Braganzia qui épouse le prince Fernando d'Espagne, futur roi Fernando vi d’Espagne, puis à Madrid, au service de la cour royale.  Si on a oublié ses opéras, pastorales et œuvres religieuses, ses 550 sonates en deux mouvements sont devenues le miel des pianistes et clavecinistes, même si on a cru un temps, qu’il s’agissait d’exercices, par la systématisation des motifs constituant parfois de véritables études.

Ce répertoire, surtout après le grand Scott Ross (1951-1989), est entré en tradition claveciniste, incisive, volubile jusqu’à la faconde, dansante, souvent magnifiquement lyrique dans les seconds mouvements (Scarlatti père était un maître de l’opéra), le clavecin reléguant le piano au garde-meuble, et laissant peu de place à la guitare.

Adeline de Preissac tente ici la chance de sa harpe, en décidant évidemment de la faire sonner comme une harpe, sans imiter le petit meuble à trois pattes, en suivant ses propres goûts et envies sonores. La tradition en prend donc un coup, avec ce Scarlatti arrondi, terriblement ralenti, quelque peu alangui et réverbéré, romantique et en nuances. On imagine le salon du xixe siècle imaginant quant à lui la musique ancienne. On pense parfois au luth, mais en effet jamais au clavecin.

D’un autre côté, la résonance harmonique et la polyphonie dans une écriture essentiellement à deux voix (dans une harmonie à quatre) sont mises en valeur.

On oublie difficilement Scot Ross, mais après apprivoisement, on arrive à faire son deuil et trouver beaucoup de beauté à ce programme. Les préjugés et justifications historiques ou de nous savons quelle vérité ou pureté en musique, cela va un temps. L’envie, l’amour n’ont besoin d’aucune justification, simplement de se laisser porter ou pas.

En tout état de cause Adeline de Preissac bouscule nos habitudes auditives. Il le faut. Mais le titre Vivi Felice, la joie de vivre, repris d'un propos du compositeur, s'applique parfaitement à la vivacité du clavecin, ici c'est plutôt la douceur de vivre, propre selon la suposée tradition aux bords de la Loire que la musicienne affectionne particulièrement.

Domenico Scarlatti, sonate K 466 (ectrait), plage 4.
Sonates k 232, 148, 209, 466, 239, 213, 212, 302, 25, 434, 201.

Jean-Marc Warszawski
16décembre 2017
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